DIEU EST MORT assassiné par les Francs-maçons

Devenir un Franc-maçon instruit...

         

            Abonnement Gratuit                          Cliquez sur les étiquettes pour accéder à la commande

Avant-propos

Le billet d’humeur est une forme courte du journalisme, qui se veut informationnelle, humoristique et bien souvent satirique. Les 37 billets/planches qui vont suivre s’inscrivent dans cet esprit de liberté et d’impertinence. Comme j’aime à le répéter, lorsqu’une voie initiatique ou une croyance religieuse peut se prêter sainement à l’exercice de la satire ou de la contradiction, cela signifie clairement qu’elle n’est ni dans la sacralisation ni dans la diabolisation. Nous pouvons constater chaque jour que la Franc-maçonnerie française appartient à ceux qui la pratiquent et c’est cela qui la rend encore à peu près indépendante des dogmes.

Chacun de ces billets d’humeur a déjà été partagé sur un des blogs connus du monde maçonnique. J’aimerais remercier à ce titre GADLU.info, Blog OnVaRentrer, HIRAM.be, La voix libre des maçons…

De quoi comprendre ici pourquoi les décors des dignitaires sont aussi chamarrés, pourquoi les gants blancs sont trop souvent sales comme certaines chaussettes, pourquoi un GPS du Rituel pourrait éviter les erreurs de guidage durant les Tenues, pourquoi les Obédiences ont retiré nos bougies naturelles au profit d’un ersatz électrique sans saveur initiatique, comment fonctionne une chaîne d’union… mais surtout, le mystère est levé concernant le titre éponyme de cet ouvrage : « Dieu est mort assassiné par les Francs-maçons… »  et plein d’autres thèmes qui nous concernent tous.

Notre Art Royal est à un carrefour qui correspond à l’évolution de notre pays et de notre société. Il ne saurait en être autrement puisque de tous temps, la Franc-maçonnerie à toujours parfaitement collé à l’histoire, lorsqu’elle ne l’écrivait pas elle-même ! Tous ces billets s’inscrivent donc légitimement dans leur époque.

Je dois vous avouer que je suis inquiet pour le futur de notre liberté de blâmer ou d’user de la satire. Nous nous éloignons chaque année un peu plus du franc-parler humoristique des Coluche, Desproges, Timsit[1] ou Tex[2].

Le père de la discipline, un certain Lucilius, il y a 21 siècles, avait initié cet art quelque part dans le sud de l’Italie. Désormais, au nom du politiquement correct et du respect des sensibilités individuelles, le langage se polit plus vite et plus efficacement que toutes les pierres brutes réunies. Nous assistons ainsi à une forme d’autocensure, animée par une hypocrite bien-pensance qui détruit de facto toute spontanéité critique ou créatrice.  Une société qui s’interdit l’humour est une société condamnée à disparaître. Il est bien connu que ce qui ne s’exprime pas finit par s’imprimer.

Même nos monarques avaient leurs bouffons pour permettre à la cour d’exorciser les mauvaises énergies. Cathelot, était la folle de Catherine de Médicis, Chicot le bouffon d'Henri III, puis d’Henri IV. Mais le plus célèbre reste le fameux Triboulet, le fou de François Ier. Le roi lui avait donné ordre de ne jamais se moquer des dames de la Cour ni de la reine sous peine de mort. Triboulet outrepassa l’injonction et dû faire face à la sanction prévue. Comme il avait été un fidèle serviteur, le roi lui laissa choisir sa mort. Triboulet sans perdre son humour répondit : « Bon sire, par sainte Nitouche et saint Pansard, patrons de la folie, je demande à mourir de vieillesse. » Une fois de plus, le roi fut touché par son esprit subtil et consentit à convertir la peine en bannissement.

De nos jours, la mort des humoristes impertinents prend la forme d’une mort sociale : on les bannit des grilles de programmes. C’est ainsi que Bigard accusait en 2019 « Nice-Matin » d’avoir déprogrammé sa tournée après une blague de trente ans sur le viol racontée sur C8[3]. Certains, à l’instar de Muriel Robin[4] ont vite fait de retourner leur veste pour suivre le sens du vent et préserver leurs petites affaires. Ils se réjouiront certainement de cet ordre nouveau qui rappelle pourtant des heures sombres de notre histoire ? L’expert en humour Russe, Seth Graham[5] écrit que « …durant la période stalinienne (fin des années 1930 jusqu’au début des années 1950) des milliers de citoyens soviétiques furent arrêtés et envoyés au goulag, condamnés pour avoir fait des blagues politiques. » A l’heure de la « Cancel Culture[6] », est-ce réellement le monde que nous voulons pour demain ?

Pour Desproges « On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde », et je ne partage pas du tout son point de vue. Si on accepte des exceptions, alors la discrimination s’installe et chaque communauté voudra instaurer sa loi et définir qui aura un permis d’humour ou pas. Le vrai problème ne vient pas du degré de dérangement individuel que provoque l’humour, car l’humour est justement le poil à gratter destiné à faire circuler la vie et la conscience. La question cruciale, c’est l’intention qui anime l’auteur. Exemple concret : une de mes amies venait de se faire opérer d’un cancer.  Je lui rends visite et lui raconte l’histoire suivante :

Madame Michu sort de chez son médecin, fait trois pas sur le trottoir. Puis elle se rend compte qu’elle a déjà tout oublié. Elle fait demi-tour et retourne frapper à la porte du cabinet médical. « Excusez-moi Docteur, je ne me souviens plus, vous m’avez dit, Sagittaire ou Scorpion ? » et le docteur répond « Cancer Madame Michu, c’est cancer que je vous ai dit »

Cette histoire, sortie de son contexte et de l’intention originelle est potentiellement un explosif émotionnel. Si avant de la raconter on est obligé d’effectuer un sondage auprès de l’assistance pour obtenir un bulletin de santé de chacun, autant quitter le métier d’humoriste et se lancer dans la chanson d’amour. En revanche, si l’intention du narrateur est pure, voire compassionnelle envers la cause du cancer, l’humour a sa juste place et donne même un résultat positif pour la santé. Rappelons-nous qu’humour vient du latin et signifie liquide ? Vouloir figer nos liquides au nom d’une pseudo-morale entraine de facto une petite visite chez le docteur de Madame Michu et pas pour rire.

Pour ma part, j’ai décidé d’être un dissident ou un résistant. Si vous lisez ce petit livre, c’est bon signe, nous sommes déjà deux. Bravo et bienvenue au club.


[1] En 1992, dans un spectacle, Patrick Timsit (ou plutôt son personnage) avait comparé les trisomiques à des crevettes roses : « Tout est bon, sauf la tête ». L’humoriste s’est retrouvé devant les tribunaux pour son audace artistique.

[2] Humoriste présentateur TV viré de France 2 suite à une blague jugée sexiste dans l'émission C'est que de la télé ! Sur C8 le 30 novembre 2017.

[4] https://tinyurl.com/robin-bigard  Concernant l’affaire Robin /Bigard. La question qui peut se poser en l’occurrence concerne le sketch de Robin intitulé « Le noir ». Doit on en déduire qu’elle est raciste à l’égard de la communauté noire ou bien juge t’elle qu’il s’agit d’humour ? La question mériterait de lui être posée !

[6] Cancel culture (culture de l'annulation), ou call-out culture (culture de la dénonciation), est une pratique née aux États-Unis consistant à dénoncer publiquement, en vue de leur ostracisation, les individus ou les groupes responsables d'actions ou de comportements perçus comme problématiques. Cette pratique, avatar du politiquement correct, qui se rencontre dans le monde physique et sur les médias sociaux, suscite la controverse.